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De la Polynésie à la Famille Suricate : le parcours d'une adoption de l'océan Pacifique au continent africain

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25 février 2011

Encore des sueurs froides

Petite fatigue dans l'avion 

 

Les derniers jours approchent. Il me faut maintenant obtenir les visas et laisser passer des enfants pour embarquer le jeudi 17. Pour ce faire j’ai rendez-vous à l’ambassade de France, avec les enfants, lundi 14 à 9 heures. Marie-Laure, la responsable des adoptions, entame la rédaction des documents quand arrive Monsieur le Consul. Il est porteur d’une surprise désagréable : il n’a pas accès au fichier national qui délivre les numéros officiels des laisser passer ! Il se veut rassurant : « ne vous inquiétez pas… ». Il va les demander dans l’après midi à Paris et les papiers seront prêts demain matin. Nous sommes donc obligés de revenir, avec les enfants car ils doivent être photographiés sur place etc, etc. Je n’avais pas prévu ce cas de figure, tout aurait dû être réglé ce jour.

Mardi matin, le lendemain, même lieu, même heure, mêmes personnes confiantes pour recevoir les précieux sésames. Les numéros des laisser passer sont là. Super ! Les documents de Gaëtan sont rédigés devant nous. Marie-Laure envoie l’impression : le document sort entièrement noir ! L’affaire est délicate, un seul numéro est attribué pour la pièce UNIQUE de chacun des petits, il ne faut donc pas commettre d'erreur !! Deuxième tentative, nouvel échec ! Le responsable informatique est appelé. Il est absent. Il est à l’autre bout de la ville en train de réserver ses billets d’avion pour les prochaines vacances d’été… Attente. On nous appelle enfin, le sauveur est arrivé et tout doit fonctionner. Nouveaux essais aussi infructueux que les premiers ! Il est bientôt onze heures trente et je commence à gamberger : si le matériel ne marche pas d’ici à quatorze heure, nous allons devoir revenir demain mercredi, veille du départ et si ça ne fonctionne pas d’ici six heures jeudi matin, heure de l’embarquement à l’aéroport, les billets d’avion seront annulés. De plus il faudra attendre le jeudi suivant pour revenir, il n’y a qu’un seul vol par semaine. Enfin, à force les uns ou les autres fassent des essais, la machine veut bien se débloquer. Les visas sortent, l’un, puis l’autre. Nous prenons congé et changeons de bâtiment pour faire les photos officielles des laisser passer. L’employé qui est chargé de ce département est prévenu de nos déboires depuis un moment. Il nous attend. Il est décontracté, lui… En définitive tout se passe bien avec lui et vers midi trente nous sortons de l’ambassade, mouillés de chaud, et très heureux d’avoir nos papiers officiels.

L’après midi de ce mardi 15 les enfants me sont confiés. Ils resteront désormais avec moi. Rachel, Maman Pati, Nadjia me les amènent. Rachel a préparé un peu de viande et des épinards dans une casserole pour notre repas du soir. Grand merci pour sa générosité ! Elles partent vers dix neuf heures. Dès leur départ les enfants changent d’attitude, ils chantent et dansent, c’est la fête. Cela se reproduira le lendemain mercredi quand elles seront venues les voir pour la dernière fois. Sont-ils heureux parce qu’ils partent ? Sont-ils heureux en pensant qu’ils seront plus libres avec nous ? C’est quelques mois plus tard que la réponse se fera jour en ce sens.

Ce mercredi en fin de journée il est temps de dire au revoir à mes amis. Ils se sont succédés à l’appartement pendant l’après midi. Dans leur grand dénuement ils ont apporté des cadeaux pour Corine et moi. Malgré la joie de revenir avec Gaëtan et Constance le cœur est lourd chaque fois que l’un ou l’une d’entre eux s’en va. Je ne sais comment les remercier tous pour leur gentillesse, leur serviabilité, leur générosité, leur disponibilité. Sans aucun doute ils nous considèrent comme étant des leurs. J’espère qu’on leur a témoigné autant d’amour qu’ils nous en ont donné. Soyez bénis, nous vous aimons. Qu’ils sachent qu’ils sont des nôtres, eux aussi.

Jeudi 17 lever à trois heures pour moi et quatre pour Gaëtan et Constance. Jean-Loth nous attend au portail à quatre heures trente, direction l’aéroport. Il faudra attendre huit heures quarante pour décoller. Entre temps nous serons passés par les nombreux contrôles exécutés par des personnes souvent à l’air peu engageant. Avec un grand sourire de papa, un coucou des enfants, à nous trois nous arrivons à décrisper certains maxillaires. Et finalement tout se passe bien.

L’avion. Grande découverte que d’en voir un d’aussi près. C’est gros, c’est grand ! On mange pendant qu’il vole ! On nous donne des jouets et des jeux ! On est dans les nuages ! On a chacun une télé ! Tout est prétexte à émerveillement et aussi tout doit être scrupuleusement testé, mis à l’épreuve. Il faut qu’on sache comment tout fonctionne.

L’équipage nous a pris en affection, les a pris en affection : « ils sont tellement mignons », « c’est le frère et la sœur ? » etc. Ils ont droit à deux fois plus de cadeaux, de friandise. Je serais hypocrite si je n’avouais pas avoir eu, moi aussi, un régime un peu favorable…

Et puis le moment important du changement des vêtements arriva. Il fallait bien troquer les tongues et tee shirts contre des bottes fourrées, des pulls et des doudounes. Les toilettes des avions étant particulièrement exigües et souvent occupées, nous avons opéré la mutation sans problème en cabine. Discrètement, bien sûr !

Enfin la France. Roissy Charles de Gaulle. De long couloirs avec là aussi des milliers de choses à observer, à découvrir. Je m’aperçois que leur curiosité est sans limite et qu’ils cherchent vraiment à découvrir tout ce qui se présente devant eux. J’ai tout de suite le sentiment que c’est un bien mais qu’il faudra certainement réfréner leurs ardeurs dans certains cas. L’avenir nous le dira…

Dernier saut de puce : destination Saint Exupéry où nous devons être attendus avec impatience.

 

LA SUITE DE CETTE ADOPTION VOUS SERA DIFFUSEE DANS NOTRE NOUVEAU BLOG :

 gcsuricates.canalblog.com

 

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23 février 2011

Le carnet de notes d'Alain est introuvable

DSC00118Au retour, dans la cohue qui a régné soit à l’embarquement, plutôt folklorique à Bangui, soit dans les diverses manœuvres qu’il a dû effectuer dans l’avion avec les enfants, Alain est revenu sans le carnet de notes où il avait minutieusement consigné tous nos faits et gestes du premier séjour, ceux de son second séjour, avec le rapatriement des petits loups, ainsi que nos comptes et diverses observations.

Un peu déçus mais non résignés nous nous proposons de relater, en les résumant, les événements les plus marquants de la semaine qu’il a passée là-bas pour terminer les formalités et préparer le voyage retour.

Départ mercredi 9 février 2011 de Lyon, direction Paris Charles de Gaulle puis embarquement pour Bangui. Changement de décor et de température : en quelques heures la toile de fond blanche s’est muée en toile de couleur ocre et poussiéreuse et l’affichage du thermomètre est passé de moins quelque chose à plus 38.

Question pratique, Alain est attendu par nos anciens guides et amis et in-extremis nous avons appris la veille du départ qu’il retrouverait la petite maison que nous avons occupée en décembre. Ouf… c’est une chance qu’il se trouve à nouveau à la FATEB, avec son accueil, sa tranquillité et sa sécurité.

Vol sans encombre, arrivée mouvementée comme d’habitude en Afrique et avec un petit peu plus nervosité car je ne reconnais personne dans la salle d’accueil et de réception des bagages comme cela s’était produit au voyage précédent !? J’apprendrai, à la sortie, après les deux heures fatidiques pour récupérer mes effets, que, pour des raisons de sécurité, les hôtes ne sont plus autorisés à attendre les passagers dans le hall. Ils doivent se cantonner à le faire sur le parking en face. Dans la nuit je distingue enfin Jean-Martial, soulagement. Jean-Loth approche en voiture afin d’y placer bagages et hommes. Retrouvailles émouvantes et particulièrement amicales.

Je suis véhiculé jusqu’à l’enceinte rassurante de la Faculté de Théologie Evangélique de Bangui où je m’endors dans « mes murs » retrouvés. Le lendemain entrevue avec Jackie, greffière, cousine de Salomon, pour faire le point. La Pauvre s’est fracturé le pied et arrive conduite par un chauffeur.

Il reste quelques formalités à accomplir à l’Etat Civil de Bangui et au Tribunal après le passage chez le photographe pour faire les photos d’identités des enfants. Ceux-ci me sont amenés dès l’après-midi par leur tante Nadjia. Pour moi c’est une joie intense de les retrouver. Constance encore un peu réservée laisse Gaëtan plus chaleureux occuper le terrain.

En dehors des démarches, je suis très entouré par Jean-Martial et Jean-Loth qui viennent me visiter chaque jour après leur travail même si je n’ai pas besoin de me faire amener en ville.. Je suis invité à manger chez l’un et chez l’autre. Je suis invité également dans d’autres familles, chez Angeline, une sœur de Jean-Martial et chez Catherine, une ancienne élève de Corine, retrouvée par hasard lors du séjour qu’elle a fait, à Noël dernier, dans notre région.  Le dimanche après l’office je retrouve à nouveau les enfants pour faire une petite ballade dans leur quartier. Constance se dévoile petit à petit, se montrant un peu plus câline qu’au début. Rachel (Ata wali Bangui – la Mamie de Bangui) est toujours aussi gentille et m’amène régulièrement les petitous, souvent en compagnie de Patricia (Maman Pati de Bangui pour Constance).

Quand je me retrouve seul je fais mes petites commissions au marché. Les menus sont peu variés car je n’ai pas un équipement qui me permet de cuisiner. Je dispose d’une cafetière électrique que Jean-Martial m’a prêtée.  Mes deux compères, guides et chauffeur que sont Jean-Martial et Jean-Loth aiment beaucoup le café (de France). En décembre j’avais apporté un bon produit. Ils avaient beaucoup apprécié. J’en ai donc rapporté et ils le dégustent avec cinq à six morceaux de sucres. La cafetière me permet de faire le café bien sûr mais aussi de faire chauffer de l'eau pour le riz, le thé, la vaisselle etc. Pour la nourriture, la rotation se fait entre riz, sardines, bananes (succulentes), corned beaf, riz…

26 décembre 2010

Sur une autre planète

Ils doivent arriver vers 16h avec Rachel, leur grand-mère africaine. Jean-Loth a décidé qu’ils viendraient « chez nous ».

Nous vérifions que tout soit prêt. Tout ? C’est plutôt vite fait : la « vaisselle » est rangée, les valises sont fermées, les cadeaux sont prêts à être offerts… quoi d’autre ?

Nous sommes impatients mais pas stressés ni inquiets ni fébriles. Nous nous sentons bien, détendus, heureux et prêts.

C’est curieux…. Corine a tant de fois vécu la scène avec des larmes d’émotion forte. Nous nous sommes tant questionnés sur cette première rencontre, nous l’avons tant de fois imaginée. Elle nous paraît maintenant simple et naturelle, presque légère.

Des petites voix nous parviennent, puis des petits pas qui approchent de la maison. Nous nous précipitons vers l’entrée, il est précisément 16h. Gaétan, le premier, nous dit : bonjour Maman, bonjour Papa, avec son accent traînant. Impossible de nous souvenir dans quel ordre cela s’est passé : nous en avions chacun un dans les bras. Nous les avons serrés très fort, bisouillés, échangés, caressés, repris dans les bras, puis par la main……. En leur disant des mots tendres, en les regardant avec amour et tendresse. Enfin nous avons salué Rachel.

Ici, on offre un verre d’eau en signe de bienvenue. C’est bien plus simple que de choisir entre 3 jus de fruits, des sirops, du thé, parfumé ou pas, vert ou blanc, avec ou sans citron et c’est surtout efficace pour s’hydrater face à la chaleur. Une fois notre petit monde installé dans le « salon », nous accueillons Jean-Martial qui vient aux nouvelles en sortant du travail.

Constance, un peu distante les 5 premières minutes, se détend vite. Gaétan cherche tout de suite le contact avec Alain et grimpe sur ses genoux. Constance s’enhardit et l’imite ; d’où l’utilité d’avoir 2 genoux et 2 bras. Quoique…. un seul bras et seul genou suffiraient car ils cherchent à se coller l’un à l’autre, pour ne pas dire à s’installer l’un à la place de l’autre. S’ensuivent bisous, câlins, chatouilles et caresses sur Papa ou sur Maman. Ils ont la peau extrêmement douce et si belle ! Constance tend son dos et son cou pour que Maman reprenne ses caresses. C’est le moment de leur offrir nos cadeaux : 2 petites voitures pour Gaétan, un doudou pour Constance. Nous ne savons pas s’ils ont des jouets et si les nôtres leur feront plaisir ; la réponse est évidente et nous sommes rassurés. Leurs visages s’illuminent : Gaétan brandit ses voitures alors que Constance sert fort son doudou contre son cœur. Ils sont fiers ; on dirait que nous leur avons offert la lune. Ils ne les lâcheront pas. Constance cherchera à échanger son doudou ; les voitures l’intéressent. Ils s’amusent, avec ou sans nous. Nous en profitons pour fixer les premiers instants en photo. Constance a mis une robe de princesse vert clair ; Gaétan porte un costume avec cravate. Ils sont sur leur 31.

Rachel souffre de l’estomac. Son médecin lui a prescrit quelques médicaments simples qu’elle nous a demandé de lui apporter. Il est sans doute plus difficile de les trouver à Bangui et à quel prix ??? Elle les reçoit comme un cadeau précieux se confondant en remerciements.

Nous trouvons les enfants très beaux, quelle chance ! Nous sommes heureux, comblés. C’était tout de même mieux que de les rencontrer dans un hall d’aéroport encombré, impersonnel après plusieurs heures d’avion et d’attente. Nos hôtes ont pensé à tout. Merci.

Puis vient l’heure de se séparer... c’était trop court. La nuit tombe vite à Bangui et nos amis prennent congé. Nous les regardons s’éloigner ; nous n’avons d’yeux que pour les 2 petites silhouettes qui trottent vers la sortie de la faculté.

Même pas pleuré, fiers de nous.

22 décembre 2010

Centrafricanisons-nous

(nous rencontrons un problème pour insérer des photos; elles viendrons donc plus tard)

DSC00024Il est 7h ce jeudi 9 décembre. Quelqu’un appelle et frappe à notre porte.

Le temps de se connecter au présent, de se sortir de la moustiquaire et d’enfiler de quoi se montrer et notre visiteuse est déjà repartie.

Hier soir, Mama Germaine est passée nous accueillir. Son mari, le pasteur Philippe, donnait des cours de théologie au sein de la faculté qui nous héberge et gérait les ressources humaines. Mama Germaine recevait et nourrissait les invités de passage. Ils sont maintenant tous 2 à la retraite, ont conservé leur logement à la FATEB et ont gardé une vie active. DSC00035

 

Mama Germaine nous a déposé hier soir le nécessaire pour commencer notre séjour : 1 bougie, 5 sachets de thé, 4 sachets de café soluble, 3 sachets de lait en poudre, 100g de sucre dans un petit sachet plastique, 1 rouleau de papier WC, 2 sachets de lessive, 1 savon. Elle nous prête 2 assiettes, 2 couteaux, 2 fourchettes, 2 cuillères à café, 2 verres et 2 tasses sur un plateau. Nous saurons en réglant nos dettes que le tout nous est revenu à 1850F CFA soit 2.82€. Elle a prévu de repasser ce matin avec du pain (150F CAF soit 0.22€) et un thermos d’eau chaude.

En attendant son retour, nous prenons contact avec les lieux, la lumière et les senteurs africaines.

Il fait chaud. Toutes les ouvertures sont grillagées de moustiquaires et sont fermées par des volets en bois : ce sont des lattes épaisses qui s’orientent en bloc comme des lattes de stores mais elles sont en position verticale. Ici pas de fenêtre. Nous DSC00007sommes à la fois à l’intérieur et, de notre lit, l’extérieur est tout proche. Les voix des rares passants de la faculté nous surprennent. Les oiseaux chantent. Nous avons l’impression d’être isolés de la rue et de son fourmillement. 

La fraîcheur des nuits ne peut pénétrer dans notre  maison car nous prenons la précaution de fermer les volets tous les soirs. Les pièces à vivre sont équipées de ventilateurs accrochés au plafond. Les murs sont recouverts d’une peinture à l’huile jaune pâle. Le sol est en ciment lisse. Le bac à douche est lui aussi en ciment. Un seul robinet alimente le pommeau : nous comprendrons bien vite que l’eau chaude est un luxe inutile ici.   

DSC00013Nous réalisons aussi que nous ne ferons pas de folies culinaires : la cuisine est équipée d’un large évier, d’un meuble suspendu, vide, et d’une étagère encastrée dans un mur, elle aussi vide. Nous n’espérions pas trouver de réfrigérateur, cependant l’absence d’une petite plaque pour cuisiner nous étonne. La mini bouilloire électrique calée en dernière minute et sans conviction dans la valise nous rendra d’immenses services. C'était une bonne idée de Corine. Les meubles DSC00009sont adéquats et solides. Aucun bibelot, aucun tableau.

Enfin nous ne sommes pas seuls dans la maison : un margouillat a tenté de converser avec nous hier soir et une souris nous a rendu visite cette nuit. Aux traces qu’elle a laissées dans les tiroirs de la commode de la chambre, nous avons compris qu’elle était installée bien avant nous dans les lieux. Nous la dérangeons sûrement ! Afin d’éviter toute lutte inutile, nous lui abandonnons les tiroirs, lui en accordons la jouissance et décidons de laisser nos affaires dans nos valises. Nous ferons en sorte de les tenir bien fermées pendant tout le séjour. Seul un buffet aux portes vitrées semble hermétique. Nous y entreposerons nos quelques victuailles.   

Nous attendons la livraison de Mama Germaine pour nous restaurer. Le tour est vite fait : pain sec trempé dans le thé. C’est rapide, simple à préparer…… et c’est léger.

8h. Nos premiers visiteurs nous surprennent. Jean-Loth a organisé la matinée : Jacky, cousine de Salomon et greffière, arrive avec un large sourire dans une magnifique tenue bleu clair. Elle est suivie de quelqu’un qui ne se présente pas, qui resterait presque sur le pas de la porte si on ne l’invitait pas à entrer. C’est l’avocat stagiaire qui remplace celui qui nous a laissés tomber et qui séjourne en France. Il est grand, mince, vouté. Il nous apparaît timide et dégingandé. Nous comprenons immédiatement pourquoi le dossier traîne depuis si longtemps. Jacky, efficace, prend les rênes en mains et propose d’aller elle-même au tribunal chercher les papiers manquant au dossier. Nous sommes ravis.

Il nous faut prendre quelques repères, sortir. Aller voir...

Jean-Loth nous conduit ensuite à l’ambassade où nous devons signaler notre passage. Nous faisons connaissance avec la personne responsable du service adoption qui nous accueille aimablement. Nous devons fournir une nouvelle pièce pour chaque dossier : un historique détaillé de notre rencontre avec l’enfant et sa famille. Le dossier de Gaétan est en attente de cette pièce. Il faudra passer aux écritures en rentrant, nous avons le temps.

Puis nous faisons le nécessaire pour gagner un peu d’autonomie :

1 - débloquer la carte SIM d’un de nos téléphones (3h)

2- acheter une carte SIM de Centrafrique (2 mn)

3- acheter du crédit téléphonique(2mn) pour info coût total de l’opération 14 000F CFA soit 21.34€. Toutes les transactions sont gérées par Jean-Loth

En attendant, nous cherchons à nous restaurer : réflexe très « conditionné » car il est 13h. Nous invitons nos hôtes qui, depuis ce matin 8h, se sont mis à notre disposition. Ils choisissent un établissement français. Ils sont heureux et par délicatesse nous prévenons que ce sera la seule fois (eu égard à nos finances). Il fait presque froid dans la grande salle climatisée et vide. Jean-Martial a travaillé longtemps dans cet établissement et d’après l’accueil que lui réservent les employés, nous notons qu'il devait être très apprécié. Un grand écran trône dans un angle de la salle et délivre en continu des informations, mondiales et bien sûr françaises. Avec stupeur nous apprenons que l’aéroport Charles De Gaulle est bloqué depuis la veille par la neige. Apparemment le blocage s'est produit 2h après notre décollage. Ouf, nous l'avons échappé belle, sachant que, pour Bangui, un seul vol est programmé chaque semaine...

Nous sommes déjà dans un autre monde par 36° de température. Nous vivons une autre vie, à une autre vitesse, sans souci, en tout juste 24h.

Jean-Loth propose de nous raconter une histoire vraie : quelques années auparavant, alors qu’il passait en voiture devant le restaurant, une émeute s’est déclenchée. Il s’est réfugié dans cette salle. Sa voiture a été brûlée. Il est resté 3 jours entiers assis par terre sans manger ni boire, en compagnie des quelques touristes de l’hôtel, regroupés par des « rebelles armés », en attendant le retour au calme. Pas très engageant pour un premier contact avec la ville. Jean-Loth a des talents de conteur.

Cet épisode qui aurait pu se terminer dramatiquement a eu une fin heureuse, personne n'ayant été trop mal traité et chacun s'en étant tiré indemne. Pour Jean-Loth, l'épilogue fut encore plus inespéré. Parmi les otages présents se trouvait un couple d'allemands, croyants, sans doute d'une église protestante comme notre pasteur. Ces personnes ont tellement été choquées de voir la façon dont on avait détruit son véhicule qu'en rentrant dans leur pays il lui ont fait parvenir leur troisième voiture : une Nissan qui avec les ans et le traitement "spécial Afrique" est, nous l'avouons difficilement identifiable...

Nous prenons le temps de récupérer notre téléphone et de faire quelques courses. L’eau en bouteille est, pour l'instant, notre principal sujet de préoccupation. Pour le reste, nous devons être raisonnables en attendant de retirer de l’argent dans un distributeur. Nous cherchons à améliorer le petit-déjeuner, pas facile sans réfrigérateur et sous la menace de la souris.

Nous rentrons à la maison où nous devons enfin rencontrer nos enfants vers 16h.

19 décembre 2010

Portraits

Nous mettons enfin des visages sur les noms et les voix qui nous ont souri, répondu, aidés, rassurés depuis près d’un an.

Bangui_d_cembre_2010_211Jean-Martial est responsable technique à la Socatel, Société Centrafricaine de Télécommunications.

Son parcours est pour nous exemplaire. Après quelques années passées avec succès dans la  restauration, il décide de quitter ce domaine pour vivre une vie de famille plus équilibrée. Il trouve des « petits boulots » à la Socatel qui lui permettent de se faire apprécier et de gagner, jour après jour, la confiance de ses employeurs. « Petits boulots » sous-entendez peu valorisants et peu lucratifs : balayeur, porteur de missives, gardien. Puis il commence à creuser des tranchées, à la pioche et sous la chaleur, pour que d’autres y déposent des câbles.

Bangui_d_cembre_2010_212Il y met tout son courage et son espoir d’une vie meilleure. Enfin embauché, il décide de gravir encore des échelons et finance son stage de technicien au prix de privations personnelles et familiales. Aujourd’hui, c’est lui qui dirige une équipe de techniciens ; il réalise l’étude de chaque demande d’installation d’une ligne téléphonique et se forme sur un nouveau logiciel. 

Il est fier de nous présenter ses stagiaires et de nous faire visiter ses locaux. C’est un homme de cœur. Il a été ordonné diacre le 24 octobre 2010.

 

 Jean-Loth est juriste, responsable du service contentieux à la même Socatel et conseiller juridique du ministre des télécommunications dont il dépend en direct. Il est discret sur son parcours. Il prêche tous les dimanches. Nous comprendronsBangui_d_cembre_2010_005 au fil de nos conversations qu’il assume diverses responsabilités au niveau international qui l’amènent à beaucoup voyager. Il est l’un des 3 représentants du continent africain au sein de l’association internationale IPCA worldwide ( International Prison Chaplains’ Association) dont le siège est basé en Suisse. Il sait écouter avec patience et prend beaucoup de recule par rapport aux évènements. C’est un homme sage.

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18 décembre 2010

Premières rencontres

Une fois installés à nos places, nous nous détendons enfin. Nous sommes maintenant entièrement disponibles pour vivre l’instant présent. Nous prenons un autre rythme, plus lent, plus calme, détaché de tous les tracas matériels que nous avons dû régler pour partir. Ouf ! Le meilleur nous attend.

Nous en avons pour 6h40 de vol, à se laisser aller aux bons soins de nos hôtesses. Champagne à l’apéritif. Corine entame une causerie avec sa voisine, en première mission avec MSF en tant que membre administratif. Elle est envoyée dans le nord du pays, près de la frontière tchadienne.

Les passagers sont très majoritairement africains : ils reviennent passer les fêtes de Noël au pays et en famille. Ils sont heureux et le font savoir, le vol est animé. L’atterrissage, bien qu’un peu rude, est victorieusement acclamé. Bangui, Bangui !!! Ils parlent fort, d’une rangée à l’autre. Ils sont très impatients de sortir de l’engin. Nous aussi. Nous atterrissons avec 1/2h de retard après avoir décollé avec 1h1/2 de retard.

Une chaleur épaisse nous enveloppe, il fait nuit noire, il est 18h, le pilote annonce 32° au sol. Quelques policiers armés surveillent la descente de l’avion. Nous nous dirigeons lentement vers un endroit éclairé en suivant tranquillement le cortège. Un brouhaha de voix témoigne de l’animation qui y règne.

Nous avons à peine gravi les 3 marches et récupéré nos papiers que quelqu’un nous interpelle avec un sourire lumineux : vous êtes bien Corine et Alain ? C’est Jean-Martial. Embrassades chaleureuses. Nous gênons le passage. Nous quittons les bras de Jean-Martial pour ceux de Jean-Loth. Ils nous escortent jusqu’à la sortie. Dans la cohue d’une salle exigüe, les formalités sont facilitées par nos intercesseurs : nous comprenons que le pasteur Jean-Loth bénéficie d’un statut à la hauteur de ses qualités. Nous nous sentons bien.

Nous vivons notre première expérience du rythme africain : nous mettrons 2h exactement pour récupérer nos valises, les yeux rivés sur ce tapis roulant très court et qui n’en finit pas de présenter toujours les même bagages. Il faudra attendre que la place soit libérée pour que défile au compte-goutte le total des 15 containers embarqués depuis Paris. En attendant, la chaleur devient étouffante dans cette petite salle bondée et bruyante. Nous suons sous nos manches longues hivernales et épaisses que nous gardons consciencieusement en prévention des vilains moustiques. Jean-Loth garde précieusement sur lui nos passeports. Nous sommes impatients de découvrir l’extérieur. Nous échangeons quelques bribes d’informations avec nos hôtes : quelques pas nous séparent de Rachel, qui nous attend dehors, sans les enfants. Petit pincement au cœur. Quand les rencontrerons-nous ? Selon Jean-Martial, ils étaient très excités à l’idée de notre arrivée.

Nous amis sont très connus, nous répondons aux nombreuses salutations qui nous sont adressées. Il nous sera un peu difficile de reconnaître ces personnes par la suite, nous trouvons qu’elles se ressemblent toutes beaucoup.

Enfin, nous récupérons nos bagages et nous nous dirigeons vers la sortie. Un contrôleur ne manque pas de nous arrêter pour nous faire ouvrir les 2 valises. Seconde expérience typiquement africaine : il veut nous faire payer une taxe, trouve que nous avons trop de vêtements. (Nous avions droit au double en poids et valises!) Alain tient bon, nous ne devons rien et c’est à contrecœur que le contrôleur nous laisse passer après quelques palabres et de la détermination de notre part. La lourde porte s’ouvre enfin pour nous laisser sortir, solidement gardée par des hommes armés. Dehors, de nombreux centrafricains sont massés autour des barrières ; nous nous faufilons derrière nos guides. Nous  nous retrouvons sur une sorte de terreplein. Un peu plus loin, Rachel nous attend depuis 4h environ. Notre avion était annoncé avec 2h d’avance. L’absence de Sanzé, le grand-père décédé le 12 juillet, teinte les embrassades de beaucoup d’émotion.

Nous venons de faire nos premiers pas sur le sol africain. Alain en a toujours rêvé. L’association entre son rêve et les circonstances de sa réalisation est plutôt magique.

Nous traversons ensuite la ville dans la voiture de Jean-Loth. Nous comprenons aisément qu’avec les enfants, nous n’aurions pas eu assez de places et qu’à cette heure tardive ils sont déjà gagné les nuages.

Les rues sont vides. Nous atteignons notre maison en 10mn. Nos amis nous quittent, nous sommes fatigués. Ils nous fixent rendez-vous pour le lendemain matin. Nous installons rapidement nos drap sur le lit déjà fait ; demain il fera jour.

17 décembre 2010

Mercredi 8 décembre c’est parti

La nuit a été courte chez Claude-Marie. Arrivés vers 23h, nous en repartons à 5h pour  l’embarquement de Corine à 5h30. Et oui, souvenez-vous, elle décolle 1 heure avant Alain, à 6h30. Alain enregistrera les 2 gros bagages sous son nom pour éviter à Corine de « promener » sa valise entre Orly et Charles De Gaulle. La séparation se fait dans l’agitation et avec de l’avance sur l’horaire.

La température extérieure affichée est de 1 à 3°. Il pleut. Le périphérique parisien est encombré ( !) et pendant que j’écris, je ne vois pas passer le temps.

8h52. La navette qui nous mène d’Orly à Charles de Gaulle est silencieuse. Chacun dans son coin doit espérer arriver à temps pour le prochain vol. Ou bien finit sa nuit, ou bien les 2 ? En ce qui me concerne, si je rate le départ pour Bangui, je devrai attendre la semaine prochaine pour partir……..Impossible, impensable. Alors je me répète qu’avec toutes les prières et les pensées positives de tous les amis qui nous soutiennent et nous accompagnent dans notre périple, j’arriverai à temps.

Le chauffeur multiplie les astuces : sur la voie de droite, il sort du périphérique pour rentrer tout juste après. Nous gagnons ainsi de nombreuses places, le tout au ralenti.

8h55 Alain a sans doute atterri. Je n’ose pas briser le silence de la navette pour l’appeler. Je dois rester calme et confiante. Il me reste 1h05 pour embarquer. La compagnie aérienne prévoit 45 mn de trajet sur internet, le chauffeur, lui, a annoncé 1h. Tout va bien se passer, nous ne portons que du positif.

L’aéroport est en vue. Puis je mets les deux pieds au sol. Tout va pour le mieux.

Je bénis le beau moustachu qui derrière son comptoir d’enregistrement, s’est débrouillé pour m’asseoir à côté d’Alain : lors de la réservation sur internet, je n’avais pas eu de n° de place attribué.

Nous nous sommes déjà appelés mais pas encore retrouvés. Cela ne saurait tarder, après le passage de la douane.

Que de bénédictions nous comptons déjà ! Les situations ont été résolues chacune en son temps, à un bon rythme. Nous en ajouterons une de plus et de taille : le lendemain de notre arrivée à Bangui , nous apprendrons que l’aéroport Charles De Gaulle annulera tous ses départs 1h30 environ après le notre, complètement bloqué par la neige tombée rapidement et en abondance. Nous vous remercions pour tous vos messages d’espoirs qui nous ont atteints alors que nous étions déjà dans les airs.

7 décembre 2010

Lundi 6 décembre……… il était temps

Dès 9h, Corine saute sur le téléphone. Il y a extrême urgence à récupérer nos passeports. L’atmosphère est électrique.

Impossible de faire le point par internet sur notre envoi, Alain n’a pas relevé les coordonnées avant de poster l’enveloppe pour l’ambassade, ni celles de l’enveloppe retour. La personne responsable est momentanément absente de l’ambassade, il faut rappeler dans 1h30.

1h30 perdues à tourner en rond, à envoyer de l’énergie pour calmer les esprits, à virer de droite et de gauche sans avancer à rien.

Nous obtiendrons tous les détails nécessaires vers 11h. Nos passeports devraient être livrés ce matin.

Nous en profitons pour faire de l’anti-pub à un service qui nous a coûté cher et qui n’a pas répondu à ses engagements.

La 1ère enveloppe Chronopost déposée le 29/11 a atteint l’ambassade centrafricaine à Paris avec 24h de retard alors que la neige n’avait pas encore perturbé le trafic en région lyonnaise. Première fausse note. Nos passeports sont donc arrivés le 1er décembre, jour de la fête du cinquantenaire de l’indépendance de la Centrafrique……… les bureaux étaient fermés. Seconde fausse note. Heureusement, l’ambassade a accordé les visas et renvoyé le dossier le même jour (au lieu d’un délai prévu de 2 jours). Parti le 2 décembre de Paris, le dossier n’arrivera que le lundi 6, avec 3 jours ouvrables de retard. Troisième fausse note. Le suivi internet indique en plus que l’enveloppe a été présentée au domicile le samedi 4 avec la mention : destinataire absent/ avis de passage impossible à déposer. Mensonge car nous faisions « le pied de grue » depuis la veille et que nous sommes dotés d’une boîte aux lettres. Le porteur responsable du secteur nous confirmera qu’il n’a eu notre enveloppe que le lundi 6 avec une mention urgente et qu’il ne s’est pas présenté le 4. Quatrième fausse note.

Service cher, non fiable et malhonnête.

Nous sommes cependant soulagés ; nous pourrons partir demain après avoir pesé, défait, refait, repesé puis bouclé nos bagages avec un peu de nervosité, soyons honnêtes. Nous râlerons plus tard, à notre retour.

 

6 décembre 2010

Vendredi 3 décembre, vers 19h

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Nous dormirons chez Claude-Marie, à une dizaine de minutes de l’aéroport dans la nuit de mardi à mercredi. Sa gentillesse, son sourire généreux et sa foi chrétienne éclairent notre chemin de lumières positives.

Quelques instants plus tard, Salomon nous apprend que nous serons logés dans un centre de formation biblique, la FATEB, faculté évangélique située dans le centre de Bangui.

Le week-end sera consacré à la confection des bagages.

Salomon et Jeanne nous apportent dimanche quelques cadeaux que nous devrons transporter puis distribuer. Ils sont volumineux, nous devons faire de la place dans les valises !

Nous en profitons pour partager un dernier repas avec eux avant notre départ. Ils sont enthousiastes à l’idée que nous allons découvrir leur pays. Nous sommes en confiance, le relai sera bien assuré sur place, par un pasteur et un diacre. Salomon y met tout son cœur et son honneur. C’est lui qui nous a mis en relation avec le grand-père des enfants. Il nous remet une liste de noms à contacter en cas de besoin et selon les circonstances dont celui de sa cousine, greffière dans un autre tribunal, celui du procureur général,………..

Nous nous réjouissons. Nous sommes déjà un peu partis. Il nous manque tout de même les passeports……..

2 décembre 2010

Mercredi 1er décembre

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La neige est tombée en abondance paralysant la circulation. Les établissements scolaires sont ouverts aux quelques élèves qui en sont proches. Il nous est impossible de sortir de notre « trou ». Le temps libre sera mis à profit non pour préparer le voyage mais pour déneiger notre accès à la route.

Quelques incertitudes d’importance planent encore : nous devons absolument trouver une solution pour dormir sur place la veille du départ, nous ne savons toujours pas où nous dormirons là-bas, nous attendons le retour des passeports. Hormis pour l’arrivée de ces derniers qui ne dépend vraiment pas de nous, nous sommes préoccupés mais pas inquiets. Nous savons que les situations se résoudront les unes après les autres.

Le plaisir de rencontrer enfin nos enfants prend le dessus et nous détourne des contingences matérielles. Quelques questions nous traversent l’esprit, sans pour autant obscurcir notre ciel. Comment va se dérouler la 1ère rencontre ? Quelles seront leurs réactions ? Quelles seront les nôtres ? Viendront-ils dans nos bras ? Seront-ils distants ? Accepteront-ils nos câlins ? Comment vivent-ils cette situation exactement ?

Jean-Martial a fait le lien entre eux et nous depuis le décès du grand-père et nous confirme que les enfants sont bien préparés. Ses propos optimistes s’inscrivent dans l’harmonie que nous avons toujours ardemment imaginée et projetée sur notre histoire.  Ce n’est pas de notre part une sorte d’angélisme, de naïveté ou d’irresponsabilité, vous nous connaissez, ce n’est pas « notre genre ». Nous  vivons l’histoire que nous avons choisie, avec des enfants dont les parents sont vivants. Nous sommes absolument convaincus que tout se passera bien au niveau familial lors de notre rencontre. Cette certitude est profondément ancrée en nous. D’où nous vient-elle ?

2 décembre 2010

Compte à rebours 2

Sarcey_d_cembre_2010__20_mardi 30 novembre

Corine doit rédiger sa demande officielle au rectorat. Les questions posées semblaient précises, les réponses, mardi après-midi, sont plutôt vagues : le choix de prendre 8 jours semble le plus sage, Corine ira travailler le 17, 4 heures de cours avant les vacances.

La neige arrive et promet de perturber le rythme des prochains jours. Nous le percevons comme un handicap supplémentaire. Corine envoie sa demande par mail pour gagner du temps.

Pourrons-nous décoller ? Où en sont nos passeports ?

Les tarifs hôteliers à Bangui nous paraissent démesurés : de 57 à 68€ la nuit sans le petit déjeuner pour un confort et un service très critiquables d’après les témoignages. Nous n’envisageons pas d’investir cette somme. Nous sommes inquiets.

Pour décoller à 6h30 de Lyon St Exupéry le 8 décembre, nous devons dormir sur place pour sécuriser notre départ. Notre région lyonnaise est animée par la fête des Lumières précisément à cette date ; les visiteurs se pressent et les hôtels ….. sont pleins. A l’aéroport, nous trouvons une solution à 95€ la nuit. C’est non.

Où dormirons-nous la veille du départ?

Où dormirons-nous à Bangui ?

 

Nous n’avons qu’une seule solution : faire confiance.

Les visas doivent arriver avant notre départ, Corine doit arriver à temps pour prendre l’avion de Bangui, nous devons nous loger à moindre coût, espérer que la neige fonde vite……

1 décembre 2010

Pourquoi faire simple......

….. quand on peut faire compliqué.

Lundi soir 30 novembre.

Le serveur Opodo ne veut pas accepter la carte bancaire pour l’achat du billet d’Alain. Nous ferons 5 essais, en vain. L’heure tourne, le nombre de places disponibles diminue et nous ne trouvons pas ce que nous voulons. La tension monte de plusieurs crans.

Pause repas. Il est 21h et nous n’avons toujours pas de billet. Nous nous connectons directement sur le site de la compagnie aérienne et commençons par le billet d’Alain. Une place se débloque : pour éviter un retour en TGV le 23 décembre avec enfants et bagages ou un passage par Bordeaux, Toulouse ….. Alain attendra 6h45 à Paris CDG pour revenir sur Lyon. Réjouissant.

Le retour de Corine est décalé, nous ne pouvons retenir les 2 billets en même temps : pour le départ, elle décollera de Lyon ST Exupéry à 6h30 soit 1 heure avant Alain et atterrira à Paris Orly. Elle disposera d’ 1h45 pour traverser la ville en heure de pointe et se rendre en navette à Charles de Gaulle, sachant qu’il ne décolle qu’un seul avion par semaine pour Bangui………. C’est tout ce qui reste. Nous ne pouvons attendre la réponse du Rectorat pour l’absence de Corine.

 

Nous aurons mis 4 h pour acheter nos billets. Même si les horaires ne sont pas satisfaisants, c’est un souci de moins. Nous pouvons en attaquer un autre.

30 novembre 2010

Préparatifs

 Lundi 29 novembre commence la course aux STAR (Situations Temporaires A Résoudre). Il faut réfléchir vite, tout prévoir ; nous n’avons pas le temps de nous tromper. Pour être efficaces nous devons procéder par étapes. La tension monte.

Corine doit obtenir un congé dans le cadre d’une adoption pour la période choisie. C’est un droit, il faut cependant avertir les intéressés et connaître les conditions exactes de ce congé. L’interlocutrice au rectorat est nouvelle à ce poste et n’est pas encore bien au fait de cette situation. Ce sont les finances qui réduiront le séjour à 8 jours, car le congé est sans solde.

Pas de voyage sans visa. Nous avons 8 jours ouvrables, dont un samedi, pour les obtenir. Comme diraient certains élèves, « c’est chaud ».Il faut remplir les documents adéquats et se séparer de nos passeports. Dans l’après-midi, Alain confie le tout à un service postal très rapide, efficace et fiable.

Ce soir des conseils de classes retiendront Corine au collège. Prochaine étape, l’achat des billets mais pas avant 19h.

29 novembre 2010

Décision

 Alain est décidé ; il en parle depuis quelques semaines. Il veut aller à Bangui pour faire le point sur notre dossier.

Nous n’arrivons pas à savoir où nous en sommes exactement. Notre avocat, sensé nous représenter, est en France depuis mi-juin. Il a confié notre dossier à un confrère que nous n’avons même pas cherché à joindre. Notre avocat devait rentrer à Bangui début septembre, puis en novembre, puis fin novembre……… Il est toujours à Paris. Difficile à joindre car sur répondeur, il faut l’appeler le soir vers 21h chez ? Il ne répond pas à nos messages et le dernier entretien téléphonique avec Corine, de 54 mn exactement a été « houleux ». Il estime que c’est le tribunal qui bloque notre dossier. Certes. S’il était sur place cependant, la procédure aurait avancé et les enfants seraient peut-être déjà avec nous. Nous perdons confiance en lui.

Quelques questions surgissent que nous règlerons pendant le week-end du 27 et 28 novembre, après mûre réflexion.

Quand partir ? Combien de temps ? Et Corine ?

La date de notre départ est conditionnée par le prix du billet d’avion. Les départs se font le mercredi et les retours le jeudi avec la compagnie française qui nous semble être la plus sécuritaire. Le dernier départ à prix convenable s’affiche pour le 8 décembre, après cette date, le billet coûte 3 fois plus…….

Alain n’est pas pressé par son employeur, il peut rester 15 jours jusqu’au 23 décembre avec l’espoir de ramener les enfants pour Noël.

Corine n’envisage pas de rester en France. Elle ne rencontrerait pas les enfants, la famille, la Centrafrique………. Ce pourrait être difficile à vivre. Elle partira donc 8 jours au moins, du 8 au 16 décembre.

10 mai 2010

Lundi 12 avril

C’est le 1er jour des vacances de Pâques.

Il est 9h.

Non, ne pas appeler tout de suite, c’est trop tôt ; la secrétaire n’est sûrement pas encore arrivée, elle n’a pas eu le temps d’ouvrir tous les dossiers……………. « Même pas peur » ? Mon oeil, pas si tranquille finalement.

Attendre. S’occuper, ce n’est pas l’ouvrage qui manque, oui mais s’occuper l’esprit n’est pas uniquement une question d’ouvrage. Le matériel justement doit être fort pour distraire l’esprit et l’amener à se fixer sur des tâches simples : ranger ce sac en plastique qui traîne, ne penser qu’à ce sac et à l’endroit où il faut le placer. Ranger le bureau, non ça c’est trop difficile il faut réfléchir pour mettre les papiers au bon endroit afin de les retrouver en temps utile ; il faut distraire l’esprit certes, mais pas trop quand même. Arroser les plantes par exemple, en ne pensant qu’au fait de mettre de l’eau dans la soucoupe, revenir vers le robinet en ne pensant qu’au fait de remplir l’arrosoir.

10 h, c’est l’heure.

Maintenant, il faut avoir le courage d’appeler, sans réfléchir avant de soulever le téléphone, oui, le courage d’entendre le verdict. Il sera sans appel.

La secrétaire décroche tout de suite. Après les formalités d’usage, néanmoins sincères, je lui demande si elle a des nouvelles de notre dossier.

Elle cherche…………………… ; ça prend au moins 1 heure ! (comprenez, quelques secondes, bien sûr).

D’un ton enjoué, elle me répond que oui, elle vient juste de le trouver.

Peut-on avoir les conclusions de la commission s’il vous plait ?

Changement de ton de sa part, plus neutre, poli, impersonnel, administratif, incolore, voire distant : merci de patienter, je demande à mon responsable si je peux vous donner la réponse.

Mon cerveau fonctionne à la vitesse de la lumière : pourquoi ce changement de ton ? Qu’a-t-elle lu ? Pourquoi demande-t-elle l’autorisation ? Que nous cache-t-on ? Pourquoi tant de secret ? Pourquoi nous faire encore attendre ? Mais qu’ont-ils décidé ? Serait-ce pour cela que nous n’avons pas eu accès au 2nd rapport ? Qu’y a-t-il d’écrit sur ce fichu papier qui ne puisse pas être dit tout de suite ?

Mes viscères se resserrent, c’est bête mais c’est du type réflexe non contrôlé, donc c’est bête. Qu’est-ce qui nous guette, « encore » ? Que va-t-on devoir affronter ?

« Bon et bien vous avez obtenu un accord positif de la commission. Je l’envoie aujourd’hui à la signature ; le temps que le dossier nous revienne, vous devez compter environ 3 semaines avant de le recevoir. »

 

3 semaines, je n’avais pas pensé à ce délai mais je m’en f……, c’est oui et c’est l’essentiel. Il fait beau d’un coup, je veux vite raccrocher. Formules de politesse.

Je cours vers Alain, je hurle « ça y est, c’est oui »

Oui quoi ? Il le fait exprès, c’est pas possible !

Pour Constance, c’est oui. Tu seras son Papa. Bisous, câlins, très fort.

 

S’ensuivent une avalanche de mails à envoyer pour partager la bonne nouvelle. Nous les aurons nos 2 petits, nous sommes enfin reconnus comme étant capables d’être parents de 2 enfants, des vrais parents, à part entière. « On » nous fait enfin confiance. Quelle joie et quelle fierté aussi.

Nous venons de franchir les 50èmes rugissants, étapes suivantes : vent arrière force 3, attendre le retour du dossier, (une broutille), brise légère par beau temps, découvrir le rapport du 2nd entretien, (une bonne surprise sans aucun doute), mer calme, aucun avis de coup de vent, envoyer le tout en Centrafrique, (une simple formalité).

Tout grand voyage a commencé par un petit pas, du calme, le voyage ne fait que commencer.

9 avril 2010

Le temps passe

Le temps qui passe, les habitudes, les occupations………. nous ont rapprochés et amenés insensiblement à ce 8 avril.

Notre sort et celui de Constance ont été jugés hier, par des personnes, sans doute sensées, expérimentées, compétentes et bienveillantes, qui ne nous connaissent pas, et qui se sont fait une idée de nous, de notre vie, de nos projets, de nos sentiments à travers les écrits d’une tierce personne, sans doute sensée, expérimentée, compétente et bienveillante,  ………….. et qui, elle, nous a reçus et entendus pendant presque 2 heures. 2 heures pour toute une vie

Exitera-t-il, un jour, une autre forme de démarche pour accéder à la parentalité ?

Savoir que ce peut être si simple et si « plaisant ! » pour la majorité des futurs parents ne fait qu’augmenter ce sentiment d’injustice qui nous habite parfois.

Alors ?

Rien

· la secrétaire est en vacances pour toute la semaine, peut-on lui en vouloir ? non, d’autant qu’elle est adorable.

· le responsable du service est en congé aujourd’hui, est-ce normal ? …………. Pourquoi pas, après tout.

· la personne qui nous a reçus n’est jamais à son bureau le vendredi, est-ce possible ? Oui bien sûr ! Alors de quoi nous mêlons-nous ? En fait nous le savions, c’est pourquoi Alain a appelé hier après-midi, jeudi 8 avril, en vain.

· L’accord entre notre demande et l’avis oral de cette dernière ne nous permet pas encore l’accès à son compte-rendu écrit et ne nous a pas autorisés à être entendus une 2nde fois par la commission.

· La terre ne tourne pas autour de nous, bon c’est vrai, ni les services d’adoption du Rhône, certes.

 

Depuis le 11 mars, nous fondons tous nos espoirs sur une réponse orale téléphonique. « Heureux celui qui croit……. ».

 

Soyons honnêtes, nous ne sommes pas inquiets, « même pas peur !» ; nous avons cependant appris à être vigilants. Le 8 février exactement, 2 mois auparavant, sans nouvelle du 1er entretien, nous apprenions, en téléphonant par intuition, que l’avis était négatif et nous dûmes réagir en catastrophe.

Il nous faut encore attendre jusqu’à lundi, sympathique n’est-ce pas ?

Avec les paquets de copies à corriger, l’herbe qui se fait envahissante entre les fleurs, l’esprit sera bien occupé.

 

Demain sera un autre jour et nos prières le rempliront d’espoir et de soleil.

18 mars 2010

Où en sommes-nous en mars 2010 ?

Carte_Centrafrique

Après une demande d’extension d’agrément pour l’adoption de Constance envoyée exactement le 14 décembre 2009 ;

après un rendez-vous raté le 15 janvier 2010 et  l’avis défavorable qui en a résulté, cette information piochée en dernière minute le 8 février par téléphone juste avant l’examen de notre dossier, fixé au 11 février, par une commission ; tout cela sans que nous le sachions ;

après un entretien téléphonique le 15 janvier avec le responsable du service qui nous a proposé de reporter l’examen de notre dossier, par cette commission, au 11 mars…… ;

après un entretien de visu avec ce responsable le 18 février, il nous a permis d’avancer finalement la date d’étude de notre dossier par la commission au 24 février ;

après plus de 7 heures passées à rédiger « notre défense » suite à la réception du compte rendu de l’entretien du 15 janvier, compte rendu qui n’en a que le nom. Rien d’important et de positif concernant notre projet n’a été retenu. Le résultat de ce rapide et lapidaire « travail » tient du parti pris sauvage et non fondé de son auteur,  vous l’avez maintenant  tous lu ;

après une comparution devant la commission du 24 février qui a demandé un autre entretien en vue de nous obtenir un autre compte rendu ;

après ce 2nd rendez-vous fixé le 3 mars et qui selon nous s’est bien déroulé. La personne qui nous a reçus avait pris soin d’étudier notre dossier avant de nous accueillir. Elle nous a entendus, écoutés et compris.

après avoir attendu une longue semaine que cette personne nous rappelle comme elle l’avait promis, comprenant notre souci ;

après un appel de cette même personne le matin du 11 mars…….

……………. Nous avons appris qu’elle avait donné un avis positif à notre demande d’extension pour l’adoption de Constance !

après quoi nous devons maintenant attendre que la commission valide cet avis le 8 avril ;

après quoi nous devrons attendre que Monsieur le Conseiller Général à son tour signe cet accord ;

après quoi nous devrons attendre de recevoir le courrier officiel et le compte-rendu du 2nd entretien ;

après quoi nous enverrons  les documents en Centrafrique qui dès qu’ils seront arrivés à bon port (1 vol par semaine) et remis dans les mains de la bonne personne permettront d’ouvrir le dossier de Constance sur place ;

après quoi nous devrons reprendre la même démarche qu’avec Gaétan, saisir le juge par l’intermédiaire de l’avocat, attendre un rendez-vous pour l’étude de notre dossier par le juge, attendre son avis pour l’adoption de Constance, attendre la rédaction du jugement par un greffier,  attendre la fin du délai de rétractation de la famille……. attendre, attendre……..

Saviez-vous que nous étions obstinés et……. patients ?

23 octobre 2009

La chambre... vite !

Kirikou

Corine est comme satellisée ; Alain fait semblant d’être calme.

Les idées et les images les plus folles nous traversent l’esprit. Quelle puissance quand l’imagination se réveille !

Il est forcément beau ce petit, puisque c’est déjà « le nôtre », sensible, calin, intelligent, espiègle peut-être. Nous l’entendons rire déjà  dans toute la maison. Et puis Gaétan Morival, ça sonne  très bien, n’est-ce pas ?.

Mais pas question de l’accueillir dans l’état actuel de la chambre : action/réaction. Les vacances de la Toussaint tombent à pic : nous commençons par le choix délicat du papier peint. Par chance, Kirikou nous tend les bras dans le 1er magasin visité. Il est entouré d’animaux plutôt sympathiques sur fond vert anis très doux. Nous prenons tout de même la peine d’aller voir ailleurs, on ne sait jamais.

Suivent les débats sur les couleurs des boiseries que nous devrons assortir : ils tournent court, Corine a carte blanche.

Enfin, pour le mur donnant sur l’extérieur nous choisissons un enduit à l’argile, bio, sain et superbe à notre goût, assorti, bien évidemment, au papier peint. Et c’est parti !

15 octobre 2009

14 juillet en octobre

Mercredi, nous répandons chacun la nouvelle, avec prudence tout de même. Nous livrons nos impressions positives à qui veut bien les entendre. Les questions arrivent en masse, auxquelles nous sommes bien incapables de répondre.

Nous n’aurons pas eu le temps de nous torturer l’esprit bien longtemps : jeudi nous trouvons un message de Salomon :

« Bonjour Corine et Alain, j’ai des nouvelles pour vous, rappelez-moi ce soir »

C’est 14 juillet, un feu d’artifice intérieur avec des étincelles dans tous les sens.

Ca veut dire quelle heure ce soir ?

Corine saute sur le téléphone, tout juste le temps de respirer. Pourquoi attendre ?

 

Il a 3 ans ½, il se nomme Gaétan et vit chez ses grands-parents.

Une nouvelle vie commence.

14 octobre 2009

Tout va très vite

Mardi 13 octobre, nous nous présentons chez Jeanne et Salomon.

Nous sommes fébriles. La route est encombrée de limaçons, évidemment. Alain est nerveux au volant. Les idées se bousculent pendant que nous nous impatientons.

Où allons-nous ? Est-ce encore une farce ?

Le cœur bat un peu vite. Il faudra faire attention à ce que l’on raconte, donner de nous une bonne impression…. Nous nous donnons les dernières recommandations.

19h 10. C’est là.

Salomon nous ouvre sa porte avec beaucoup de gentillesse, Jeanne nous accueille avec le sourire. C’est parti. Nous échangeons sur beaucoup de sujets. Ils nous questionnent sur notre vie, notre démarche. Nous nous informons  sur  le pays.  Le temps passe très vite en bonne compagnie, il faut déjà se quitter. Nous ne savons rien de plus. Salomon va contacter sa famille en Centrafrique, dès qu’il a des nouvelles, il nous appelle.

Sur le trajet du retour nous sommes silencieux, perdus chacun dans nos pensées et nos rêves les plus fous. L’un de nous se lance :

« Et si c’était réellement possible ? »

Nous sommes surpris d’avoir tous les 2 un pressentiment positif. Cette fois, cela nous parait vraiment possible. Nous pourrions bien être de vrais futurs parents.

Le cœur est léger. Difficile de s’endormir.

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